Antoine de Bertin (1752-1790)
Recueil: Les Amours (1780) - Livre II

Brisons cette lyre inutile ...


 

Brisons cette lyre inutile :
Eucharis n’entend plus mes airs.
Quittons les bois de Lucrétile
Et l’empire du dieu des vers.
Cherchez désormais qui vous chante,
Ô mère des tendres amours !
Je perds l’illusion touchante
Qui seule embellissait mes jours.
Doux plaisirs, voluptés légères,
Et vous, maîtresses mensongères,
Je vous dis adieu pour toujours.
 
Mon vaisseau, battu par l’orage,
A fui sous les flots écumants.
Par le péril rendu plus sage,
J’abjure mes égarements :
Je gagne le port à la nage,
Et sur le sable du rivage
Je dépose mes vêtements,
Pour instruire de mon naufrage
Le peuple insensé des amants.

 

 


Antoine de Bertin

 

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