Évariste de Parny (1753-1814)
Recueil : Chansons Madécasses (1787)

Chanson IV



AMPANANI

Mon fils a péri dans le combat... Ô mes amis ! pleurez le fils de votre chef. Portez son corps dans l’enceinte habitée par les morts. Un mur élevé la protège ; et sur ce mur sont rangées des têtes de bœufs aux cornes menaçantes. Respectez la demeure des morts ; leur courroux est terrible, et leur vengeance est cruelle. Pleurez mon fils.


LES HOMMES

Le sang des ennemis ne rougira plus son bras.


LES FEMMES

Ses lèvres ne baiseront plus d’autres lèvres.


LES HOMMES

Les fruits ne mûrissent plus pour lui.


LES FEMMES

Ses mains ne presseront plus un sein élastique et brûlant.


LES HOMMES

Il ne chantera plus étendu sous un arbre à l’épais feuillage.


LES FEMMES

Il ne dira plus à l’oreille de sa maîtresse :
Recommençons, ma bien-aimée !


AMPANANI

C’est assez de pleurer mon fils. Que la gaîté succède à la tristesse : demain peut-être nous irons où il est allé.


 


Evariste de Parny

 

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