Pierre de Ronsard (1524-1585)
Recueil : Le premier livre des Amours (1550)

Je vois tes yeux



Sonnet XIV.

Je vois tes yeux dessous telle planète
Qu'autre plaisir ne me peut contenter,
Sinon le jour, sinon la nuit chanter :
Allège-moi, ma plaisante brunette.

O liberté, combien je te regrette !
Combien le jour que je vois t'absenter,
Pour me laisser sans espoir tourmenter
En l'espérance, où si mal on me traite !

L'an est passé, le vingt-et-unième jour
Du mois d'avril, que je vins au séjour
De la prison où les Amours me pleurent ;

Et si ne vois (tant les liens sont forts)
Un seul moyen pour me tirer dehors,
Si par la mort toutes mes morts ne meurent.


Pierre de Ronsard

 

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