Sans pleurer (car je hais la coutumière feinte De nos amants, qui n’ont que leurs pleurs pour sujet) D’un cœur ardent, dolent, dévot, soumis, abject, Je me jette aux saints pieds de toi, maîtresse
sainte.
La feinte n’a mon âme à tel acte contrainte : Tel esprit ne peut être à la feinte sujet, Mais jà depuis cinq mois j’ai toujours pour objet Ma faute qui s’est
même à telle amende étreinte.
Pardonne donc, Déesse, accuse mon malheur, Non pas moi, dont le Ciel jaloux empêche l’heur, Si tu dis mes malheurs chasser ta bienveillance.
Vu qu’on ne doit l’amant si malheureux aimer, Viens ton cœur pour mon bien contre mon mal armer : J’aurai du bien le comble, et du mal la vengeance.