Un Aigle volait, nous dit-on,
Vers la mer, cherchant du poisson.
Ce fut un Bulot qu’il trouva
Mais pour l’ouvrir, ah, quel tracas !
Le laissant donc dans sa coquille,
Il retournait vers sa famille
Quand il
croisa une Corneille
Qui lui proposa, ô merveille,
De lui montrer comment l’ouvrir
S’il voulait bien lui en offrir.
Elle lui dit de s’envoler
Aussi haut qu’il pourrait monter,
Puis, une
fois monté bien haut,
De laisser tomber son fardeau
Sur un sol dur ou un rocher
Et de finir de la casser.
L’Aigle, ne désirant que trop
Pouvoir gober son gros Bulot,
L’emporte bien haut et
le jette…
La Corneille est là, qui le guette.
Voici son bec qui entre en jeu :
La coquille s’écarte un peu,
Elle y prend la chair, l’engloutit,
Laisse la coquille et s’enfuit
Avant
que l’Aigle, de retour,
Ne se fût aperçu du tour…
Et si petit était le trou
Que l’Aigle n’y vit rien du tout.
En cette Fable nous trouvons
Un bon exemple de félon
Qui, aussi fourbe que malin,
Conseille mal un bon voisin.
Tout ce qu’il lui conseillera
Le mettra dans un mauvais pas
Et, quand ils s’entendront
au mieux,
Il lui volera sans aveu
Tous les biens qu’il a pu gagner
Et su à grand-peine amasser.