Pindare (-518 à -438)

Traduction de Faustin Colin (1841)

OLYMPIQUE VIII



AU JEUNE ALCIMÉDON , VAINQUEUR A LA LUTTE.

Strophe 1. — Mère des combats aux couronnes d'or, salut, Olympie, arbitre de la vérité où des devins mortels, instruits par les victimes (134), interrogent Jupiter au foudre rapide, pour en obtenir quelque mot sur les hommes dont le cœur ambitionne un grand succès et le repos après les luttes.

Antistrophe 1. — Mais il n'exauce en retour de leurs prières que les mortels pieux (135). Or donc, sacrée forêt de,l'ombreuse Pise aux rives de l'Alphée, agrée cette pompe et la procession des couronnes (136). Grande à jamais est la gloire de celui qui gagne ton noble prix. Mais les mêmes biens n'arrivent pas à tous, et, les dieux aidant, nombreuses sont les routes ver» la félicité.

Épode 1. — O Timosthène, la fortune vous avait confiés à Jupiter Genethlius (137), puisque toi (138), il t'a illustré dans Némée, et que, près de la colline de (139) Cronos, il a fait vaincre Alcimédon dans Olympie. Il était beau à voir, et ses action» ne démentant point sa beauté, il a fait proclamer par sa victoire à là lutte, Égine, sa patrie aux longues rames, où la tutélaire Thémis, assise à la droite de Jupiter Xénius, est plus honorée

Str. 2. — Que chez aucun peuple. Ce qui est divers et penche en mille sens, le juger avec une âme droite et sans erreur, est difficile (140). Or, un décret des immortels a de plus établi cette contrée pressée par les flot» comme une colonne divine pour les étrangers de tous les. pays (141) (ce dont puisse le temps futur ne point se lasser !) ;

Ant. 2. — Et, depuis Éaque, elle est gouvernée par le peuple dorien. Lorsque le fils de Latone et le très puissant Neptune allaient placer une couronne de murs sur Ilion, ils l'associèrent (142) à leurs travaux; car il était arrêté que des guerres s'élèveraient, et que, dans les combats destructeurs, Ilion exhalerait des tourbillons de fumée.

Ép. 2 — Trois dragons azurés, lorsqu'elle fut bâtie, s'élancèrent au haut d'une nouvelle tour; mais deux tombèrent, et du coup ils expirèrent sur la place. Un seul atteignit le faite en sifflant. A la vue du prodige qui le frappe, Apollon s'écrie aussitôt: «Pergame est prise, guerrier (143), par les ouvrages de tes mains; ainsi me l'annonce soudain le présage de Cronide, de Jupiter tonnant.

Str. 3. — Ce ne sera point sans tes descendants. Car il s'accomplira sous les premiers (144) et sous les quatrièmes (145).» Après ces paroles manifestes, le dieu pousse vers le Xanthe (146), vers les Amazones (147) aux beaux coursiers, et l'Ister (148). Et le maître du Trident dirige son rapide char vers l'Isthme de la mer, reconduisant Éaque sur ses coursiers d'or (149),

Ant. 3. — Et vers les hauteurs de Corinthe où l'attend un festin splendide. Jamais rien ne sera également agréable aux mortels. Si, dans cet hymne, je fais remonter l'éloge jusqu'au jeune Milésias (150), que l'envie ne m'attaque pas à coups de pierre. Car je dirai que lui aussi a remporté d'abord ce même succès dans Némée, puis en luttant au pancrace avec les hommes.

Ép. 3. — Enseigner est plus facile à qui sait, et il y a folie à ne pas s'instruire d'avance. L'esprit des novices est léger. Cet art, il (151) peut le montrer mieux qu'un autre, et par quel soin grandit le mortel qui doit retirer des combats divins la plus désirée des gloires. En ce jour Alcimédon l'honore par une trentième victoire.

Str. 4. — Alcimédon, grâce à un dieu et au courage qui ne lui manque pas, a rendu à quatre jeunes lutteurs, le retour odieux, la langue timide, la démarche équivoque; au père de Son père, il a inspiré une vigueur ennemie de la vieillesse. On oublie de mourir quand on est heureux.

Ant. 4. — Mais il faut que ressuscitant le passé, je chante la fleur de victoire aux mains des Blepsiades (152) qui déjà ont vu ceindre leur front d'une sixième couronne parmi les athlètes ornés de feuillages (153). L'usage aussi donne aux morts une part de souvenir. La poussière ne couvre pas les glorieuses actions des proches.

Ép. 4. — Lorsque la Renommée, fille de Mercure, aura instruit Iphion (154), Callimaque (155) apprendra l'honneur éclatant que sa race .a reçu naguère de Jupiter dans Olympie. Puisse-t-il leur prodiguer faveurs sur faveurs, et repousser d'eux les maladies cruelles! je le prie de ne pas rendre. Némésis (156) jalouse des biens qui leur sont échus. Qu'il leur accorde une vie tranquille, et les élève sans cesse eux et leur cité !

 

(134) Victimes brûlées.

(135)  Et non les devins : Alcimédon est au nombre des mortels pieux.

(136) Portées par le vainqueur et par ceux qui le suivent.

(137) Qui préside à la naissance.

(138) Timosthéne et Alcimédon sont frères»

(139) À Olympie.

(140)  La justice se rendait à Egine avec impartialité dans toutes les affaires commerciales.

(141) L'hospitalité était en honneur à Égine.

(142) Éaque.

(143) Éaque.

(144) Télamon, Pelée.

(145) Néoptoleme, Épeus, petit-fils de Phocos. A ce compte Éaque représente la première génération des Éacides.

(146) Fleuve de la Troade ; Fleuve de Lycie ; il s'agit plutôt de ee dernier.

(147) Dans le Pont.

(148) Chex les Hyperboréens, prés des colonnes d'Hercule.

(149) A Égine.

(150) Maître d'Alcimédon.

(151) Milésias.

(152) Alcimédon est de cette famille. Il s'agit des Blepsiades qui vivent encore.

(153)  Les vainqueurs et leur suite portaient des couronnes de feuillage.

(154) Père d'Alcimédon ; il est mort.

(155) Oncle d'Alcimédon; il est mort aussi. C'était chez les anciens une croyance forte que les nouvelles de ce monde parvenaient dans l'autre.

(156) Déesse qui punit les hommes d'avoir été heureux.


 


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