POUR AGÉSIDAME, LOCRIEN DU ZEPHYRIUM, VAINQUEUR AU PUGILAT. Str. 1. — Dites-moi où est gravé dans mon âme le souvenir de l'Olympionique, fils d'Archestrate (190)? Je lui devais un doux hymne, et je l'ai oublié. Du moins, ô Muse, et toi Vérité, fille de Jupiter, étendez la main pour repousser loin de moi le reproche d'avoir trompé un hôte. Ant. 1. — L'échéance depuis longtemps passée me fait rougir de l'énormité de ma dette : mais l'acquittement des intérêts peut éloigner l'amère censure des hommes. Maintenant, où roulera le caillou emporté par les îlots? Et comment parer à tous un tribut d'éloges qui soit agréable? Ép. 1. — Car la bonne foi habile la cité des Locriens du Zéphyrium (191). Ils aiment Calliope et l'airain de Mars. Lès armes de Cycnus (192) ont fait fuir le formidable Hercule lui-même. Vainqueur au pugilat dans Olympie, Agésidame doit à Ilas (193) les mêmes grâces Str. 2. — Que Patrocle à Achille. Celui qui aiguillonne le mortel né pour la vertu peut le porter à une gloire prodigieuse avec la main de Dieu. Mais peu d'hommes obtinrent sans peine cette joie (194) qui est par dessus tout la lumière de la vie. Il est sublime le combat que les décrets de Jupiter me pressent (195) de chanter, combat institué par le grand Hercule près de l'antique tombeau de Pélops (196), après qu'il eut immolé le fils de Neptune, le brave Ctéatus ; Ant. 2. — Immolé Euryte, afin qu'aux mains du superbe Augias il arrachât de ses mains le prix dû à son labeur. Dans un bois près de Oéone (197), Hercule leur tendit des embûches et les écrasa à leur tour sur la route; auparavant l'armée du Tirynthien, campée dans les vallons de l'Élide, avait été massacrée par les Molionides (198) audacieux. Ép..2.- Or, le roi perfide (199) des Épéens vit peu de temps après sa riche patrie, sa ville, s'engloutir au milieu des flammes dévorantes et sous les coups du fer, dans un abîme d'infortune. Éluder le courroux des puissants est difficile. Lui-même, téméraire, s'étant présenté le dernier, après ce désastre, n'évita point une mort terrible. Str. 3. — Cependant le vaillant fils de Jupiter, après avoir rassemblé dans Pise, et son armée et tout le butin, décrit une enceinte (200) qu'il consacre à son père tout-puissant. Dans un lieu découvert, il forme de l'Altis un enclos séparé; puis il destine aux festins la plaine environnante, pour honorer l'Alphée admis Ant. 3. — Parmi les douze grande dieux : la colline, il l'appelle du nom de Cronos. Inconnue autrefois sous le règne d'Énomaus, elle était battue par les orages. A cette première solennité assistèrent les Parques et le Temps qui seul montre la vérité à nu. Ép. 3. — C'est lui qui dans sa marche est venu enseigner comment il (201) partagea aux dieux les prémices du butin, fruit dé la guerre, comment il fonda une fête quinquennale avec la première Olympiade et les jeux. Qui donc a dû la couronne nouvelle à ses bras, à ses pieds ou à son char, plein d'enthousiasme pour la gloire des luttes et victorieux par ses efforts ? Str. 4. — Au stade fut vainqueur par la rapidité de sa course, Œonus, fils de Licymnius ; il était venu de Midée avec des troupes (202). A la lutte, Échémus illustra Tégêe. Le prix du pugilat fut remporté par Dorycle, habitant de Tirynthe ; celui des quadriges Ant. 4. — Par Semus de Mantinée, fils d'Alirothius. Le trait de Phrastor frappa le but. Énicée lança le disque d'un bras tournoyant bien plus loin que ses rivaux, et tous éclatèrent en acclamations. Le beau visage de la lune éclaira la soirée de sa douce lumière. Ép. 4. — Toute l'enceinte, au milieu des joyeux banquets, retentissait de chants de louanges. Pour nous, fidèles même aujourd'hui à ces usages primitifs, nous chanterons dans cet hymne digne du plus éclatant succès, le tonnerre, le trait retentissant lancé par le bras enflammé de Jupiter, et le feu de la foudre présent partout avec la victoire. A la flûte répondront les suaves accents de la poésie Str. 5. — Longtemps inconnue à l'illustre Dircé. Mais, de même qu'il est charmant le fils donné par une épouse à un père déjà loin de la jeunesse, et qu'il échauffe son cœur du plus vif amour; car, en mourant, il est cruel de voir sa fortune devenir le partage d'un étranger; Ant. 5. —De même, ô Agésidame, le mortel qui arrive, sans que ses hauts faits aient été chantés, au séjour des enfers, a soupiré en vain, et ne recueille de ses peines qu'une courte joie. Mais toi, la lyre aux doux sons et la flûte mélodieuse t'inondent de gloire. Elles agrandissent la renommée, les Piérides, filles de Jupiter. Ép. 5. — Et moi qui suis leur amant passionné, je célèbre la race illustre des Locriens, en répandant le miel de la louange sur une ville héroïque. J'ai loué l'aimable fils d'Archestrate après l'avoir vu triompher par la vigueur de son bras près de l'autel olympique, alors qu'il brillait par sa beauté, et cette fleur de jeunesse, qui déroba autrefois Ganymède à une mort affreuse grâce au secours de Vénus (203).
(190) Agésidame. (191) En Italie (192) Allusion à un échec éprouvé à la guerre par les Locriens ; Anaxilaus, tyran de Rhegium les avait défaits. (193) Son maître : la même reconnaissance que Patrocle à Achille qui le forma. (194) La joie de la victoire aux jeux. (195) L'éloge des jeux dans les cbants de victoire était prescrit par un usage religieux. (196) En Élide. (197) Dans l'Argolide. (198) Euryte et Ctéatus ainsi appelés de leur mére Molione. (199) Augias. (200) Enceinte où l'on trouve l'Altis, la Plaine et le Cronius. (201) Hercule. (202) Pour Hercule. Midée, fille de l'Argolide. (203) Allusion à l'amour de Jupiter pour Ganymède.
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