De vos projets je blâme l’imprudence : Trop de savoir dépare la beauté. Ne perdez point votre aimable ignorance, Et conservez cette naïveté Qui vous ramène aux jeux de votre enfance.
Le dieu du goût vous donna des leçons Dans l’ait chéri qu’inventa Terpsichore ; Un tendre amant vous apprit les chansons Qu’on chante à Gnide ; et vous savez encore Aux
doux accents de votre voix sonore, De la guitare entremêler les sons.
Des préjugés repoussant l’esclavage, Conformez-vous à ma religion ; Soyez païenne ; on doit l’être
à votre âge. Croyez au dieu qu’on nommait Cupidon. Ce dieu charmant prêche la tolérance, Et permet tout, excepté l’inconstance.
N’apprenez point ce qu’il faut
oublier, Et des erreur de la moderne histoire Ne chargez point votre faible mémoire. Mais dans Ovide il faut étudier Des premiers temps l’histoire fabuleuse, Et de Paphos la chronique amoureuse. Sur
cette carte où l’habile graveur Du monde entier resserra l’étendue, Ne cherchez point quelle rive inconnue Voit l’Ottoman fuir devant son vainqueur : Mais connaissez Amathonte, Idalie, Les
tristes bords par Léandrc habités, Ceux où Didon a terminé sa vie, Et de Tempé les vallons enchantés. Égarez-vous dans le pays des fables ; N’ignorez point les divers changements Qu’ont éprouvés ces lieux jadis aimables : Leur nom toujours sera cher aux amants.
Voilà l’étude amusante et facile Qui doit parfois occuper vos loisirs, Et précéder
l’heure de nos plaisirs. Mais la science est pour vous inutile. Vous possédez le talent de charmer ; Vous saurez tout, quand vous saurez aimer.