Rappelez-vous ces jours heureux, Où mon cœur crédule et sincère Vous présenta ses premiers vœux. Combien alors vous m’étiez chère ! Quels transports ! quel égarement
! Jamais on ne parut si belle Aux yeux enchantés d’un amant ; Jamais un objet infidèle Ne fut aimé plus tendrement. Le temps sut vous rendre volage ; Le temps a su m’en consoler. Pour jamais j’ai vu s’envoler Cet amour qui fut votre ouvrage : Cessez donc de le rappeler. De mon silence en vain surprise, Vous semblez revenir à moi ; Vous réclamez en vain la foi Qu’à
la vôtre j’avais promise : Grâce à votre légèreté, J’ai perdu la crédulité Qui pouvait seule vous la rendre. L’on n’est bien trompé qu’une
fois. De l’illusion, je le vois, Le bandeau ne peut se reprendre. Échappé d’un piège menteur, L’habitant ailé du bocage Reconnaît et fuit l’esclavage Que lui
présente l’oiseleur.