A STREPSIADE, THEBAIN, VAINQUEUR AU PANCRACE Strophe 1. — Quelle est, ô divine Thèbes, parmi les vieux souvenirs de ta gloire,celui qui réjouit le plus ton cœur? Est-ce le jour où tu mis au monde le compagnon de Cérès aux cymbales (100) bruyantes, Bacchus (101) à la longue chevelure? Est-ce la nuit profonde où tu reçus le plus puissant des dieux accompagné d'une pluie d'or, Antistrophe 1. — Lorsqu'il s'arrêta sous les portiques d'Amphitryon (102), à l'épouse duquel il portait la semence d'Hercule? Est-ce Tirésias (103)aux sages conseils ? Iolas (104), habile cavalier? Sont-ce les Spartes (105) aux lances infatigables ? Est-ce la mêlée (106) terrible après laquelle tu renvoyas Adraste, privé Épode 1. — De guerriers sans nombre, dans Argos aux beaux coursiers? Ou la colonie (107) dorienne de Lacédémone établie sur un pied ferme, grâce à ton secours, et la prise d'Amycles (108) par les Égides (109), tes enfants, que guidait la Pythie? Elle dort la mémoire d'un antique bienfait (110), et les mortels oublient Str. 2. — Tout ce qui n'atteint point une fleur exquise de perfection dans les flots glorieux de la poésie. Prépare donc aussi pour Strepsiade et des chœurs et de doux hymnes. Dans l'isthme (111), il a remporté la victoire au pancrace; sa force est terrible, il est beau à voir; sa vertu ne dément point sa beauté. Ant. 2. — Illustré par les Muses aux tresses noires, il partage l'éclat de sa gloire avec un oncle maternel nommé comme lui (112), que Mars au bouclier d'airain a frappé de mort. Mais l'honneur est réservé aux braves. Oui, celui qui, dans les tempêtes de la guerre, éloigne de sa chère patrie une pluie de sang, Ép. 2. — Ët refoule la désolation dans les rangs ennemis , acquiert à ses concitoyens une gloire suprême, et pendant sa vie et après sa mort. Pour toi, ô fils de (113) Diodote, en marchant sur les traces du belliqueux Méléagre (114), sur les traces d'Hector (115) et d'Amphiaraus (116), tu as exhalé ton âme dans la fleur de l'âge, Str. 3. — Au premier rang de la mêlée, où les plus intrépides combattants défendaient une dernière espérance (117). J'en ai ressenti une douleur inexprimable. Mais aujourd'hui Géocbus (118) fait succéder pour moi le calme à l'orage. Je chanterai une couronne sur la tête. Puissent les dieux jaloux ne pas troubler Ant. 3. — Les jouissances paisibles que je goûte chaque jour en m'avançant vers la vieillesse et le terme fatal de la vie (119) ! Car nous mourrons également tous; mais nos destinées sont diverses. Le mortel aux vues ambitieuses est trop petit pour atteindre les parvis d'airain qu'habitent les dieux, et Pégase, d'un coup d'aile, a renversé Ep. 3. — Bellérophon (120), son maître, qui voulait monter aux demeures célestes, jusque dans les conseils de Jupiter. Au bonheur injuste est réservé une fin cruelle. Pour nous, ô Loxias à la chevelure d'or, accorde-nous aussi la couronne fleurie dans les jeux de Pytho.
(100) Bacchus était honoré avec Corée dans Thèbes. (101) Instrument dont on se servait dans les cérémonies de la déesse. (102) Absent alors : il faisait une expédition contre les Téléboens. (103) Devin de Thèbes. (104) Ami d'Hercule. (105) Nom des anciens Thébains nés des dents du dragon. (106) Guerre des sept chefs devant Thèbes. Allusion à la défaite récente des Argiens qui combattaient à Tanagre dans les rangs des Athéniens. (107) Vers 1100 avant J. C (108) En Laconie. (109) Ancienne tribu de Thèbes. (110) Allusion à l'ingratitude des Spartiates qui, après la viotoire de Tanagre, abandonnèrent les Thébains. (111) De Corinthe. (112) Strepsiade. (113) Strepsiade, l'oncle du vainqueur. (114) L'Un des chasseurs qui poursuivirent le sanglier de Calydon ; il fit aussi la guerre aux Curetée. (115) Mort devant Troie. (116) Mort devant Thèbes. (117) A la bataille d'Oenophyte. (118) Qui embrasse la terre : surnom de Neptune. (119) Ce passage rappelle la dernière phrase de Bossuet dans la péroraison de l'oraison funèbre de Gondé. (120) Fils de Glaucus, roi de Corinthe ; Jupiter envoya un taon qui piqua le courtier ; le cavalier fut renversé.
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