A THÉRON D'AGRIGENTE, VAINQUEUR A LA COURSE DES CHARS. Strophe 1. — Hymnes qui commandez à la lyre, quel dieu, quel héros, quel mortel chanterons-nous (25)? Pise relève de Jupiter. L'Olympiade a été instituée par Hercule avec les prémices de la guerre (26); Théron, vainqueur aux quadriges, doit être chanté; lui, le plus généreux des hôtes, le rempart d'Agrigente (27), la gloire de ses nobles ancêtres, le bienfaiteur de la (28) cité. Antistrophe 1. — Après avoir beaucoup souffert avec courage, ils occupèrent (29) les bords sacrés du fleuve, et furent l'œil de la Sicile, puis une île prospère, amenant richesse et crédit, couronna leurs vertus héréditaires. Mais, ô fils de Cronos et de Rhée, toi qui présides aux parvis de l'Olympe, aux luttes sublimes et au cours de l'Alphée, souris à mes vers, et, bienveillant pour ces héros, conserve le champ paternel à leurs descendants. Épode 1. — De tous les faits accomplis, justes et injustes, il n'en est pas un que le temps, père de toute chose, puisse réduire au néant. Mais l'oubli (30) naît souvent d'un sort heureux. Les douces joies domptent un mal invétéré et le tuent, lorsque la volonté d'un dieu fait surgir une haute félicité. Str. 2. — Témoins de ces paroles les Cadméïdes (31) aux trônes d'or, qui ont tant souffert; mais le poids de la douleur tombe devant des biens plus grands. Elle vit au milieu des Olympiens, celle qui périt sous les éclats de la foudre, Sémélé à la longue chevelure; elle est toujours chérie de Pallas et surtout de Jupiter ; chérie de son fils que le lierre couronne (32). Ant. 2. — On dit aussi que, dans les flots, avec les Néréides de la mer, Ino a reçu en partage une vie bienheureuse pour toute la durée des temps. Non l'homme n'a connu jamais ni le terme de ses destinées, ni quand, un seul jour, fils du soleil, s'écoulera pour nous paisible et dans une joie sans mélange. Tour à tour des torrents de félicités et de misères fondent sur les humains. Ép. 2. — Ainsi la fortune, qui donne à cette race un sort heureux, avec la faveur divine, la livre ensuite au malheur par un retour soudain; depuis que le fatal fils (33) de Laïus a tué son père dans une rencontre, et accompli l'ancien oracle de Pytho. Str. 3. — Car Erinnys (34), dont l'oeil perçant l'avait vu, fit tomber ses (35) vaillants fils sous des coups mutuels. Mais il survécut à Polynice immolé, Thersandre, illustre dans les luttes de la jeunesse, dans les combats guerriers, utile rejeton pour la maison des Adraslides. De cette souche est sortie la famille (36); le fils d'Enésidème (37) mérite les honneurs du chant et des lyres. Ant. 3. — Car lui aussi, il a remporté la palme dans Olympie; et à Delphes et dans l'Isthme, son frère, non moins heureux, a vu également les Grâces (38) lui offrir les couronnes des chars qui fournissent douze fois la carrière. Le succès, pour qui tente les luttes, dissipe les chagrins. La richesse, embellie par les vertus, apporte avec soi mille avantages, et met au cœur une passion profonde, inquiète, astre lumineux, flambeau de vérité pour les hommes. Ép. 3. — Quiconque le porte voit dans l'avenir qu'après la mort, les âmes intraitables ne tardent pas à subir leur châtiment; car tous les crimes commis ici-bas, dans l'empire de Jupiter, trouvent sous la terre un juge qui prononce la sentence terrible, inévitable. Str. 4. — Tout le temps que (lurent nos nuits, que durent nos jours, à la clarté de leur soleil, les justes mènent une vie tranquille, sans tourmenter péniblement de leurs mains la terre ou l'onde marine, pour une chétive nourriture. Près des amis des dieux, ceux qui se sont plu dans ta probité coulent une vie exempte de larmes. Les autres endurent d'épouvantables supplices. Ant. 4. — Mais ceux qui, trois fois, ont pu habiter l'un et l'autre monde (39) en préservant leur âme de toute iniquité , suivent la route de Jupiter (40) près de la tour de Saturne (41); là les brises de l'Océan viennent caresser les îles des bienheureux. Là brillent des fleurs d'or, filles de la terre, nées sur des arbres charmants; l'onde en nourrit d'autres; elles s'entrelacent en guirlandes, en couronnes autour de leurs bras (42); Ép. 4. — Ainsi le veut le juste Rhadamanthe, que le puissant Cronos a toujours pour assesseur, Cronos époux de Rhée au sublime trône. Pelée et Cadmus figurent dans leurs rangs; Achille y fut conduit lorsque le cœur de Jupiter eut cédé aux supplications d'une mère; Str. 5. — Achille qui renversa Hector, cette colonne invincible, inébranlable de Troie; qui livra au trépas Cycnus et l'Éthiopien, fils de l'aurore. J'ai sous mon coude, au fond du carquois, bien des flèches rapides qui ont une voix pour les habiles, mais le vulgaire ne les comprend pas. Il est savant, celui qui a beaucoup appris de la nature; l'étude ne fait que d'ineptes parleurs (43), que des corbeaux poussant de vains cris Ant. 5. — Contre le divin oiseau de Jupiter. Ça, dirige ton arc au but, courage, mon âme. Qui frapper encore en lançant, d'un cœur passionné, des traits glorieux? Ah! tourne-toi vers (44) Agrigente; je puis, d'une âme vraie, le déclarer avec serment; dans l'espace de cent années, aucune ville n'a mis au jour un homme d'un cœur plus dévoué à ses amis, une main plus généreuse que Théron. Ép. 5. — Cependant sa gloire est en butte à une haine qui n'est point légitime, mais qui part d'hommes en délire, et se plait à calomnier, à obscurcir les belles actions des gens de bien. Puisque le nombre des grains de sablé nous échappe, comment les bienfaits que prodigue Théron pourraient-ils être comptés ? (24) Démarate, fille de Théron, avait épousé Gélon, roi de Syracuse: celui-ci, en mourant, avait confié sa femme et son fils à Polyzéle son frère; à cette époque, ils s'étaient réfugiés à la cour de Théron: Hiéron redoutait leurs projets. (25) Nous chanterons Jupiter, Hercule et Théron. (26) Il a offert aux dieux le butin qu'il avait enlevé à Augias. (27) Il était à la bataille d'Himère où Gélon défit les Carthaginois, 480 ayant J. C, En 476 il s'empara d'Himère et défit sous ses murs Capys et Hippocrate. (28) Il exécuta de magnifiques travaux avec le butin pris sur les Carthaginois. (29) Les ancêtres de Théron. (30) L'oubli du malheur. (31) Les filles de Cadmus. (32) Bacchus. (33) Œdipe. (34) Une des furies. (35) Étéocle et Polynice. (36) Des Emménides dont Théron fait partie. (37) Théron. (38) Déesse dont les anciens atlendaient les biens les plus précieux. (39) La terre et l'Orcus. (40) De l'Elysée où les justes conversent avec Jupiter. (41) Dans une des îles fortunées. (42) Les Athlètes qui avaient remporté plusieurs couronnes les portaient au bras. (43) Pindare attaque ici Bacchylide et Simonide qui vivaient alors à la cour d'Hiéron, roi de Syracuse. (44) Le poëte était à Thèbes, fier qu'on se soit adressé à lui qui était si loin, lorsque plusieurs autres poètes grecs se trouvaient en
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Pindare - Olympiques
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