Tout homme a ses douleurs. Mais aux yeux de ses frères Chacun d'un front serein déguise ses misères. Chacun ne plaint que soi. Chacun dans son ennui Envie un autre humain qui se plaint comme lui. Nul des autres
mortels ne mesure les peines, Qu'ils savent tous cacher comme il cache les siennes; Et chacun, l'oeil en pleurs, en son coeur douloureux Se dit: « Excepté moi, tout le monde est heureux. » Ils sont tous malheureux.
Leur prière importune Crie et demande au ciel de changer leur fortune. Ils changent; et bientôt, versant de nouveaux pleurs, Ils trouvent qu'ils n'ont fait que changer de malheurs.