Prudence - (348 à 408)Aurelius Prudentius Clemens, dit Prudence (né en 348 à Calagurris (auj. Calahorra), patrie également de Quintilien, dans le nord de l'Espagne - mort vers 408) est un poète lyrique latin qui mit sa poésie au service de la religion chrétienne.
Prudence appartient à une famille chrétienne, qui lui a donné une excellente éducation. Il a étudié le droit, avant de devenir fonctionnaire. Sa carrière a connu une ascension rapide, puisqu'il fut - à deux reprises - gouverneur d'une province. Il la termina à la cour de Théodose Ier, et, considérant ce qu'avait été sa vie jusque là, il la trouva médiocre et se retira de la vie publique, renonçant aux vanités du monde pour pratiquer un ascétisme rigoureux et se consacrer à la poésie, qu'il mit au service de la religion et de l'Église. Il compose ses poèmes après sa retraite d'une carrière menée sous Théodose Ier - il a 56 ans lorsqu'il commence à écrire (en 404), d'après sa Praefatio, poème programmatique. D'autres indications, moins précises, concernent sa carrière : après avoir gouverné deux villes importantes et y avoir rendu la justice, Prudence fut appelé à la cour de l'empereur, avec un rang de proximus. Ce qui concerne sa jeunesse, hormis le fait de la pratique du droit, est stéréotypé, peut-être sur le modèle du début des Confessions d'Augustin d'Hippone. Âgé de 14 ans au début de la réaction païenne de Julien, il a pu être concerné d'assez près par ses mesures contre les enseignants chrétiens. Il a probablement résidé à Milan durant l'épiscopat de Ambroise de Milan ; il a pu être témoin de ses luttes contre le dernier carré païen (affaire de l'autel de la Victoire en 383) et contre des hérétiques (entre 385 et 386, occupation de la basilique Porcienne revendiquée par l'impératrice-mère Justine, arienne), ainsi que de la découverte des restes de saints Gervais et Protais (en 386) ou de la pénitence publique de Théodose Ier après le massacre de Thessalonique (en 390). Il meurt probablement avant le sac de Rome par Alaric Ier en 410. Prudence conclut la Præfatio par l'affirmation de sa conversion et de son désir de plaire à Dieu, sinon par ses mérites, du moins grâce à ses poèmes, qu'il énumère en évoquant leur propos. On entrevoit dans le Cathemerinon la vie ascétique qu'il mène, avec la célébration des heures, l'observation de jeûnes et même un régime édénique fait de produits végétaux, de lait et de miel.
Comme Horace, Prudence a écrit une partie de son œuvre en hexamètres dactyliques, et plus de la moitié dans d'autres formes poétiques. Les poèmes hexamétriques sont : - épigraphiques : - et didactiques : Parmi les autres pièces, composées dans des formes métriques variées, on peut distinguer : - les hymnes, regroupées dans des recueils : Cathemerinon (καθημερινω̂ν ν̔μνω̂ν).,
sur les heures, les circonstances de la vie, les fêtes, - les poèmes servant de cadre aux œuvres de Prudence : L'œuvre de Prudence est entièrement « chrétienne » : ses poèmes didactiques ont un contenu théologique et moral (Apotheosis : nature de Dieu - en particulier, doctrine de la Trinité; Hamartigenia : origine du mal ; Psychomachia : combat de l'âme, et dans l'âme, de Vertus et de Vices personnifiés) ou polémique (Contra Symmachum : contre le paganisme) ; sa partie lyrique ou épigraphique est liée soit à la prière et à la liturgie (Cathemerinon : heures, circonstances de la vie chrétienne, fêtes du Seigneur ; Peristephanon : martyrs), soit à leur cadre (Dittochæon, ainsi que Peristephanon). Un tel éclectisme dans les sujets et dans les formes métriques, mettant les ressources de la poésie profane au service de la culture et de la pensée chrétiennes, évoque celui des premiers auteurs latins (Livius Andronicus, Nævius), polygraphes qui transposaient les genres littéraires grecs au domaine romain. Ce qu'il y a de singulier chez Prudence est l'organisation de ses poèmes variés en un ensemble structuré - tentative apparemment sans parallèle dans l'Antiquité. Prudence ne se limitait donc pas à donner une réponse concrète aux attaques dirigées par ceux qui voulaient, pour diverses raisons, dissocier le christianisme de la culture latine, mais, sur le plan littéraire même, il introduisait un concept nouveau.
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