Amour, lors que premier ma franchise fut morte,
Combien j'avois perdu encor je ne sçavoy,
Et ne m'advisoy pas, mal sage, que j'avoy
Espousé pour jamais une prison si forte.
Je pensoy me sauver de toy en quelque sorte,
Au fort m'esloignant d'elle; et maintenant je voy
Que je ne gaigne rien à fuir devant toy,
Car ton traict en fuyant avecques moy j'emporte.
Qui a veu au village un enfant enjoué,
Qui un baston derriere à un chien a noué,
Le chien d'estre battu par derriere estonné,
Il se vire et se frappe, et les enfans joyeux
Rient qu'il va, qu'il vient, et fuyant parmy eulx
Ne peut fuir les coups que luymesme se donne.
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Amour, lorsque premier ma franchise fut morte,
Combien j’avais perdu encor je ne savais,
Et ne m’avisais pas, mal sage, que j’avais
Épousé pour jamais une prison si forte.
Je pensais
me sauver de toi en quelque sorte,
Au fort m’éloignant d’elle ; et maintenant je vois
Que je ne gagne rien à fuir devant toi,
Car ton trait en fuyant avecques moi j’emporte.
Qui a vu
au village un enfant enjoué,
Qui un bâton derrière à un chien a noué,
Le chien d’être battu par derrière étonné,
Il se vire et se frappe, et les enfants
joyeux
Rient qu’il va, qu’il vient, et fuyant parmi eux
Ne peut fuir les coups que lui-même se donne.