Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Recueil : Rimes familières (1890) - Sonnets

Le Fouji-Yama



La solitude sied à l'âme endolorie

Lasse de tout plaisir et veuve du bonheur
Qui n'a plus rien à craindre et se sent aguerrie
Contre l'âpre destin par l'excès du malheur.

Vous qui souffrez et qui pleurez, n'ayez pas peur
D'être seuls; de vos maux il se peut que l'on rie
Si vous vous asseyez près du joyeux viveur,
Et la foule banale est aux lieux où l'on prie.

Ce mont fut un volcan: le temps l'a dévasté,
Il est éteint. Les jours sont passés, où la lave
Le long de ses beaux flancs ruisselait comme un gave.

Maintenant revêtu d'immortelle beauté,
Seul dans le ciel, géant de neige à l'aspect grave,
Il n'est plus que silence et qu'immobilité.

 

 


Camille Saint-Saëns

 

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