Bacchus se déguisait sous un moins beau visage,
Quand de Tyrrhéniens une troupe sauvage
Vint le ravir plongé dans un profond sommeil.
Leur vaisseau le reçoit; on part, à son réveil,
Il
s'étonne. On lui jure, au moment qu'il les prie,
De voguer vers Naxos qu'il nomme sa patrie.
Il dissimule, et puis, l'oeil errant sur les flots:
« O ciel ! ah ! malheureux ! ce n'est point là Naxos !
Dieux
! grands Dieux ! » et ses mains dans ses feintes alarmes
Déchirent ses cheveux, et ses yeux sont en larmes.
« Jeune homme, lui dit l'un, que nos font tes malheurs ?
Tu viendras nous servir; et laisse là tes
pleurs. »
Il dit. Le vaisseau tremble. Et des formes terribles
De tigres, de lions, de panthères horribles
Fondent sur eux. En foule et n'ayant plus de voix,
Les traîtres du vaisseau s'élancent à
la fois,
O prodige ! et couverts d'une écaille étrangère
Se vont, légers dauphins, cacher sous l'onde amère.