Tandis qu’au séjour du tonnerre
Dressant ton vol audacieux,
Loin des limites de la terre
Tu chantes la paix et la guerre,
Assis à la table des Dieux ;
Moi, dans les bosquets d’Amathonte
Malgré
moi ramené toujours
Hélas ! à célébrer ma honte
Je perds les plus beaux de mes jours.
Souvent j’ai dit à ma maîtresse :
« C’est trop languir dans la paresse ;
« J’en rougis... Tiens, séparons-nous ;
« Va-t’en. » Soudain l’enchanteresse
Vient se placer sur mes genoux,
Des deux mains à mon cou s’enlace,
Et me donne, en versant
des pleurs,
Mille baisers pleins de douceurs,
De ma constance déjà lasse
Trop sûrs, trop aimables vainqueurs
Je cède ; et, reprenant ma lyre,
Qu’elle court me chercher soudain,
Je chante
son regard divin,
Son doux parler, son doux sourire,
Les jeux, les amours, et le vin.